La 9ème édition du Pitchfork Festival Paris a plus que jamais placé la diversité musicale au cœur des trois journées programmées. Avec 2 nouvelles scènes et une complète réorganisation, le festival relève ses ambitions.
Les 31 octobre, 1er novembre et 2 novembre derniers, la Grande Halle de la Villette a vibré aux sons de nombreux artistes issus de courants musicaux assez variés mais ayant été adoubés par le site de critiques musicales américain Pitchfork. La clé de ce succès réside dans une programmation pointue mais également ajustée au public et laissant un choix quant à l’accessibilité des concerts auquel le public souhaite participer. Il faut par ailleurs insister sur le fait que ce petit live report se base sur notre expérience au festival et nos goûts, et bien évidemment nous n’avons malheureusement pas pu assister à tous les concerts qui nous intéressaient…
Jeudi 31 octobre
Le 31 octobre a été une journée très clairement placée sous le signe de la nouvelle scène rap/grime britannique avec la tête d’affiche Skepta, véritable star de ce mouvement et sans aucun doute l’artiste qui en est le plus représentatif. Il ne faut cependant pas oublier le renouveau de la scène jazz au Royaume-Uni également, avec un concert en début de soirée par Ezra Collective qui a été très bien accueilli et qui a été, il est vrai, un très bon moment de jazz mêlé d’afrobeat, le tout avec une énergie débordante. Peu après cela, l’ambiance est montée avec la prestation de slowthai, qui a cette année marqué les esprits avec son album « Nothing Great About Britain », et dont les titres ont semblé encore plus intenses en concert (l’énergie de slowthai lui-même, en caleçon après deux chansons, n’a pas pu laisser indifférente non plus). Il faut ici insister sur la qualité de la nouvelle scène de la Nef, qui par sa forme demi-circulaire donne une vue d’ensemble sur la scène et une capacité de circulation très intéressante, tout en donnant un aspect plus intime aux concerts qui s’y tiennent, et donc une bonne innovation par rapport à l’ancien système de deux « grosses scènes » l’une en face de l’autre. S’en est suivi le set de Mura Masa sur la grande scène, producteur en vogue, qui sera d’ailleurs rejoint par slowthai durant son set. Peut-être moins électrifiant selon nos goûts mais tout de même agréable.
Nous avons eu un peu de temps avant notre prochain concert pour déambuler sur le site du festival et il faut bien dire que la nouvelle organisation est très efficace et il est facile de passer un bon moment sur les différents stands proposés, tant au niveau culinaire que des boutiques présentes (créations ou vinyles). Le clou du spectacle pour ce premier jour, et peut être de tout le festival, (selon nous bien sûr) a été le concert de The Comet is Coming dans la nouvelle salle du Studio. Installée au sous-sol, cette petite salle doit accueillir des concerts intimistes dans une configuration assise. A l’arrivée du groupe sur scène, ils indiquent au public directement qu’il vaut mieux se lever tout de suite, et on comprend pourquoi : The Comet is Coming commence son set par une furie jazz fusion très influencée par la musique électronique actuelle mais aussi par le rock psychédélique, et le public réagit vivement ! Entre roulements de batterie, vibrations technos et saxophone puissant et saccadé, le trio installe une ambiance de transe pendant tout le concert. Beaucoup de personnes dans la salle semblent perdre leur raison (dans le bon sens du terme) et les chansons du nouvel album du groupe prennent une dimension encore plus intense dans un contexte live.
Voir cette publication sur InstagramDans le tourbillon de @cometcoming ☄️☄️☄️ 📸 @kimmika #thecometiscoming #P4Kparis etcomingm
Difficile de se remettre de ces émotions, mais nous nous dirigeons vers le dernier concert de la soirée sur la grande scène : Skepta. Évidemment, l’ambiance est au rendez-vous et tout sonne très bien. Le concert est parfaitement exécuté et Skepta impose son statut de tête d’affiche et on comprend parfaitement comment il est devenu l’un des artistes les plus importants de la scène britannique actuelle. Une première journée qui réveille donc, avec une programmation très ciblée mais dont il est remarquable que cela ait eu lieu à Paris dans un cadre aussi important.
Vendredi 1 novembre
La deuxième journée du festival était peut-être la plus « classique » pour un public de Pitchfork, avec beaucoup d’artistes issus de la scène indépendante américaine ou britannique. Arrivés un peu tard sur le site du festival, nous ratons malheureusement certains concerts de début de soirée mais arrivons à temps pour Primal Scream. Le groupe qui a désormais une solide carrière derrière lui est convainquant et ce concert est idéal pour donner le ton de la soirée. La soirée se poursuit en restant avant tout aux abords des deux plus grandes scènes, avec le concert de Chromatics, l’un des groupes les plus importants et attendus de ce festival. Avec un son tout droit tiré d’un film de David Lynch (avec le groupe qui jouera d’ailleurs la chanson composée pour la dernière saison de Twin Peaks), le set est très carré et installe une atmosphère nocturne sur toute la Halle.
Nous nous dirigeons ensuite vers la Nef pour le concert que nous attendions le plus de la soirée : Weyes Blood. Et nous n’avons pas été déçus ! Nathalie Merring joue avec brio les chansons de "Titanic Rising" et quelques chansons issues d’albums précédents. D’une fidélité assez incroyable avec le son des enregistrements, la puissance des compositions de Weyes Blood gagne l’approbation du public. Après un concert très beau et inévitablement trop court, nous retournons à la grande scène pour assister au concert de l’autre tête d’affiche du jour qui est Belle & Sebastian. Le groupe légendaire de Glasgow n’a plus rien à prouver et le concert se passe dans une ambiance à la fois festive et nostalgique. Un excellent moment très convivial malgré la notoriété du groupe et le contexte de grande scène. Notre soirée s’achève en dansant sur le dj set de John Talabot, parfaitement calé pour finir la nuit sur une note haute.
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Samedi 2 novembre
Enfin, le dernier jour du festival a été placé sous le signe de la musique pop. Il est assez amusant de noter que le public change pas mal de jour en jour, preuve que la stratégie du festival d’axer chaque jour sur une ambiance musicale fonctionne. Nous commençons notre soirée au Studio avec le concert de Jessica Pratt. Et il faut bien avouer que ce fût une petite claque (très douce au regard de la musique mais tout de même). L’ambiance intimiste de cette petite salle a ici parfaitement convenu pour ce concert très acoustique et minimal, mais le son et la voix de Jessica Pratt ont parfaitement rempli l’espace du Studio. Un très beau moment qui est indéniablement l’un de nos coups de cœur de cette édition du festival. Nous arrivons ensuite devant le concert de Caroline Polachek sur la Nef, qui dans un décor assez new age, joue les chansons de son dernier album à la fois pop et expérimental avec beaucoup de facilité. Avec l’aide de PC Music, l’ancienne membre de Chairlift a renouvelé ses sons et il faut reconnaître que cela paye.
Nous allons ensuite rejoindre la grande scène pour le concert de Charli XCX (qui au vu de l’ambiance et l’énergie du public aurait pu être tête d’affiche). Charli dégage une énergie vraiment incroyable et la qualité de ses chansons ne peut pas laisser indifférent. Un concert pop vraiment de haut niveau et tel qu’on aimerait qu’ils soient toujours. Nous pouvons rapidement assister à quelques chansons du set de Aurora pour nous calmer et il semble que le concert a également été très apprécié. Ensuite, c’est the 1975 qui prend la grande scène et là aussi l’ambiance semble être au rendez-vous. Difficile de rendre compte justement de ce concert par contre puisqu’il faut bien avouer que leur musique n’est pas notre tasse de thé, mais les fans ont eu l’air d’apprécier. Autre point fort de la soirée : le set de Agar Agar qui a laissé complètement exploser l’excentricité du duo, avec beaucoup de moments absurdes à la limite de la raison. Mention spéciale à la blague du faux membre de la sécurité qui se met à danser et à se déshabiller après bien 5 minutes sans bouger sur la scène. Une autre très bonne surprise a été notre passage au Studio complètement par hasard pour le set de Ela Minus, artiste d’origine colombienne, qui a fait danser le Studio avec beaucoup de joie et tout le monde devant elle sur la scène ! Un autre très bon moment. Nous avons fini notre soirée avec le set très puissant de SebastiAn qui a rappelé ce que la french touch a pu faire de mieux.
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Bref, une édition 2019 du Pitchfork Festival très réussie et qui a surtout marqué un tournant dans son organisation dans la programmation mais aussi spatialement avec une Grande Halle métamorphosée par rapport aux précédentes années. On a juste envie de dire : à l’année prochaine avec, on l’espère, toujours des artistes étonnants et de qualité.